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Enfumer tue
4 novembre 2009

Plus dure est la chute

Nicolas Sarkozy drague Le Pen. Enfin, non, pas Le Pen, mais ses électeurs. Eh oui, Nicolas Sarkozy est au plus bas dans les sondages, et les régionales approchent. Alors, étant donné qu'à l'UMP, ils prennent toujours autant leurs électeurs, et ceux des autres, pour des lapereaux de 6 semaines, ils se sont dit, benoîtement, qu'ils allaient faire jouer la classique corde sensible de l'identité nationale, de la tolérance zéro, du tout sécuritaire, bref, tous ces arguments employés par un Nicolas Sarkozy décomplexé et sûr de lui, lors de la campagne de 2007 (et déjà bien avant), et destinés à capter les voix du Front National. Captation qui fut, reconnaissons-le, couronnée de succès.

Et allons-y ! A l'UMP, quant il s'agit de draguer à l'extrême droite, on ne fait pas dans la demi-mesure.

C'est Nicolas Sarkozy qui (re)prononce un discours aux vieux relents pétainistes, sur fond de "terre" et d'identité nationale, c'est Eric Besson qui lance un "débat national" sur l'identité nationale, et "qu'est-ce que c'est d'être Français", sur fond de marseillaise et de drapeau tricolore, c'est Brice Hortefeux qui lance une idée inapplicable de "couvre-feu" pour les mineurs déjà condamnés (mineurs pour qui la carte d'identité n'est pas obligatoire, ce qui sera très pratique pour savoir s'ils ont déjà été condamnés ou non), juste pour que le français moyen ait bien peur...

Rien de bien nouveau dans ces grosses ficelles électorales. En fait, ce qui m'agace tout de même un peu, c'est la propension qu'ont les médias à traiter l'écume des vagues de l'actualité, au lieu de s'attacher au fond. Hortefeux lance son idée de couvre-feu, tout le monde se jette sur le nonos pour bien le ronger jusqu'au bout, hop un édito, vite, hey venez voir les gars, y a une information qui va faire la une là ! Mais peu de journalistes poussent l'honnêteté et l'étique jusqu'à souffler à leurs lecteurs que, non, rassurez-vous, ce n'est qu'une basse manœuvre électorale, tout ceci est inapplicable et relève d'une stratégie maintenant bien rodée, mais aussi bien érodée, mise au point bien avant Nicolas Sarkozy, la stratégie du "contre-feu" et du ballon d'essai. Couplé avec une œillade langoureuse aux électeurs d'extrême droite, le coup aurait encore porté, il y a un an. Aujourd'hui, c'est un pétard mouillé, un plouf dans les toilettes.

C'est évident, ça tombe sous le sens, cela va sans dire ? Pas pour tout le monde. L'électeur du Front National est très "1er degré", en général. Et ça, nos "journalistes politiques" (je mets des guillemets, hein) ne l'ignorent pas. Pour autant, ils publient, sur papier, sur internet, à la radio, à la télévision, des commentaires sur cette idée loufoque et inapplicable, ils s'interrogent sur la faisabilité de la chose, sur l'aspect légal, moral, au lieu de souligner la vraie information importante, cachée derrière cet écran de fumée : Nicolas Sarkozy est en mauvaise posture pour les élections régionales, les électeurs du FN ne lui font plus confiance (-10%) et les électeurs de l'UMP, de moins en moins (-9%). Il s'agite, Nicolas Sarkozy, il s'évertue, il se défend, contre l'opposition, mais surtout en ce moment, contre sa propre majorité. Fillon qui tacle Guaino, Raffarin qui mène la fronde au Sénat, père, gardez-vous à gauche, père, gardez-vous à droite ! Il a perdu la confiance de ses électeurs, il a perdu la confiance de son parti, il est le capitaine d'un bateau qui prend inexorablement l'eau, sous les coups de hache répétés qu'il a lui-même assenés à la coque, à grands coups de décisions unilatérales prises un matin dans sa salle de bain (la suppression de la publicité sur les télévisions du service public), et d'obstination confinant à l'autisme (la taxe professionnelle, Jean Sarkozy, le paquet fiscal, le refus d'admettre que oui, les impôts vont exploser dans les années à venir, parce qu'il faudra bien que quelqu'un la paye, la crise).

Nous entendons les craquements d'un mode de gouvernance qui s'émiette et s'étiole, qui a atteint ses limites et risque à tout moment l'implosion, et à la veille de fêter les 20 ans de la chute du mur de Berlin, ma foi, c'est plutôt une bonne nouvelle.

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Commentaires
M
Bonjour, uovo, et merci pour le lien, je vais parcourir ça attentivement.<br /> <br /> Charlie, il n'est évidemment pas dans mes intentions de surenchérir indéfiniment sur le sujet, j'exprime sur ce blog, plus que des opinions politiques (enfin, si, un peu quand même), des colères, des agacements. Parfois, c'est politique, parfois non.<br /> <br /> Mais puisque tu m'interroges, je vais répondre. Je te remercie tout d'abord de tes compliments, venants de toi, ils me semblent honnêtes et valorisants, mais je t'assure que tu me surestimes, je n'ai pas de connaissance particulière de la "chose" politique, juste mes petites idées personnelles, que 44 ans d'une vie d'autodidacte complet, avec un parcours pas vraiment linéaire, m'ont permis de forger, en observant les évènements, les gens, en lisant et écoutant les commentaires...<br /> <br /> 44 ans qui m'ont suffit à devenir relativement misanthrope, c'est pourquoi, non, je ne participe pas à des réunions enflammées, dans lesquelles on refait le monde en invoquant le grand soir. Je partage l'opinion de Brassens sur le pluriel, et par conséquent, je n'aime pas suffisamment côtoyer des gens qui ne me sont rien, pour me baigner dans leurs idées à eux, qui ne seront pratiquement jamais les miennes en totalité. Le problème des partis politiques, c'est que tu es obligé d'embrasser globalement l'ensemble des idées qu'ils prônent, et je suis trop individualiste et égoïste pour accepter ça.<br /> <br /> Je suis ravi que tu sois proche de la gauche, Charlie, pour ma part, je ne sais plus trop de qui je suis proche, en réalité. Le PS est moribond et continue, sur son lit de mort, à ingurgiter des barbituriques ; l'extrême-gauche est beaucoup trop extrémiste à mon goût, et complètement déconnante ; les verts ne pensent à rien d'autre qu'à obtenir une place de député et se gaver en frais de bouche et chauffeur...<br /> <br /> Non, je ne sais pas pour qui je voterai en 2012, mais je sais pour qui je ne voterai pas. je ne voterai pas pour un parti qui rogne mes libertés jour après jour, qui foule aux pieds le code du travail, qui se torche avec les bulletins de vote, qui fait des pipes au MEDEF et qui cherche à flinguer les médias d'opposition, qui vote à trois heures du matin des lois iniques, qui renvoie dans un pays en guerre des immigrés clandestins, qui met des mères de famille en garde à vue parce qu'elles vendent des tickets de cantine sur le bon coin point fr, qui se vautre ostensiblement dans le luxe et dépense sans compter pour son seul bien personnel (je parle toujours du parti), qui trempe sa plume dans la boue pour draguer des électeurs racistes et cons, qui se livre à toutes les bassesses, toutes les manoeuvres, toutes les trahisons, pour vaincre, coûte que coûte.<br /> <br /> Je ne voterai pas pour l'UMP, et si en 2012 il n'y a personne à gauche pour contrebalancer la droite au second tour, je ne referai pas comme en 2002 : je n'irai pas voter.<br /> <br /> Sur ce, j'ai un billet à écrire sur un vol de fourgon qui m'a bien fait rigoler, à te relire, Charlie, ici ou chez toi =)
C
Ah bon, il y a des bobos de droite ? ;-)<br /> <br /> Je ne surenchérirai pas car le débat pourrait être sans fin. Juste une question d'ordre personnel, mon cher Maldoror : avec une telle connaissance de la "chose" politique et un tel talent pour exprimer tes idées, as-tu, de près ou de loin, une fonction ou un métier qui soit en rapport avec tout cela ? Je serais déçu que ton engagement se limite aux lignes de ce blog, alors que de prétendus hommes de bien haranguent les foules au nom d'une idéologie qui n'est pas la leur, juste pour satisfaire leur égo démesuré.<br /> <br /> Sinon, et pour te prouver que toutes les causes ne sont pas désespérées, sache que je n'ai jamais été aussi proche de la gauche que je ne le suis aujourd'hui. Ne serait-ce que par les gens qui m'entourent...
U
http://rue-affre.20minutes-blogs.fr/<br /> <br /> Bonjour Maldoror.
M
Je sais que tu as voté Sarkozy, je le savais en lisant ton excellent blog.<br /> <br /> Les 650 millions d'euros que l'on va dépenser d'ici à 2015 pour être revenus dans l'OTAN, c'était une idée de Nicolas Sarkozy.<br /> <br /> L'allègement de la fiscalité des plus-values a coûté 20,5 milliards d'euros à l'Etat. C'était une idée de Nicolas Sarkozy.<br /> <br /> La présidence de l'union européenne a coûté 175 millions d'euros, une des plus chères de l'histoire. C'était Nicolas Sarkozy.<br /> <br /> Les recettes de l'impôt sur les sociétés ont diminué de 89% (passées de 27,4 à 2,9 milliards, de 2008 à 2009). Sous la présidence de Nicolas Sarkozy.<br /> <br /> L'Etat s'est privé volontairement d'une rentrée de 5 milliards d'euros, en revendant aux banques leurs actions au prix d'achat, et non à leur véritable cours.<br /> <br /> Pendant ce temps-là, le budget de l'Elysée augmente.<br /> <br /> Je trouve que ce président commence à nous coûter très cher, et quoiqu'une femme coûte parfois également très cher (si l'on en juge par l'exemple de Rachida Dati), j'ai du mal à imaginer que Ségolène Royal eusse pu être aussi dispendieuse que Nicolas Sarkozy.<br /> <br /> Je te rejoins sur le constat de délabrement du PS, il faudrait avoir les deux yeux crevés pour ne pas voir qu'il est en train de sombrer. D'ailleurs, à ce titre, Nicolas Sarkozy a rendu un grand service à DSK en l'éloignant de France. Il croyait éloigner un rival dangereux, il l'a protégé du marasme, pour en faire un des seuls candidats crédibles à "gauche" (avec DSK, "gauche" est entre guillemets) en 2012.<br /> <br /> Quant à la rue, c'est bien elle qui gouverne, Charlie, c'est d'ailleurs le fondement de la démocratie. Ca ne plait pas beaucoup aux bobos de droite et autres cadres supérieurs qui aiment bien que chaque salarié soit bien rangé à sa place et fasse bien ce qu'on lui demande de faire, et qui auraient bien aimé que la rue ne fasse pas grève en 36, parce qu'on n'aurait pas à se casser la tête pour organiser les plannings de présence en juillet et aout, mais c'est la rue qui gronde, et les gouvernants qui plient pour ne pas rompre.
C
Ça m'ennuie toujours de commenter des blogs politiques étant donné que je me suis juré de ne pas en faire sur le mien, mais bon. Que la méthode Sarkozy ait montré ses limites, tout le monde, je crois, est d'accord là dessus. Que la manière de faire soit aussi pitoyable qu'arrogante, ça ne fait plus de doute. Que l'homme ne dégage ni classe ni raffinement, il n'y a pas grand monde pour le contester. Mais je me demande ce que nous aurions eu à dire si Dame Ségolène des Deux-Sèvres avait accédé à la magistrature suprême il y a deux ans. <br /> <br /> Evidemment, on ne le saura jamais. Mais pour avoir quelques notions d'économie, je pense pouvoir affirmer que d'une manière générale et particulièrement en période de crise, il n'y a pas 50 stratégies possibles pour la France. Je veux dire, pour éviter d'aller dans le mur encore plus vite et encore plus fort que pendant les dernières années. Aussi, être dans l'opposition systématique ne me semble pas forcément opportun.<br /> <br /> Les idées de réformes que Sarkozy, l'UMP, la droite en général défendaient avant la présidentielle me semblaient - et me semblent toujours - bonnes. Indispensables. J'ai voté pour elles, en espérant que Sarko serait le premier à ne pas se "coucher", à aller au bout de ses projets en ne laissant pas la rue gouverner à sa place. Force est de constater que je me suis trompé. Il n'a pas été plus intraitable qu'un autre et les orientations qu'il a prises ont été en tous points décevantes.<br /> <br /> Mais en face, qu'est-ce qu'on a ? Le néant total. Si l'UMP est au bord de l'implosion, que dire du PS ?<br /> <br /> C'est surtout ça qui m'inquiète. Jamais, je crois, notre pays n'a été à ce point en panne. Sans doute parce qu'il n'y a plus de droite et de gauche, plus de querelles d'idées. Parce qu'il n'y a qu'une seule solution, connue de tous, et que chacun essaie de s'approprier à des fins personnelles au lieu de l'intérêt général.<br /> <br /> Que Sarkozy soit poussé dehors, pourquoi pas. Mais je ne suis pas certain que nous y gagnerons quoi que ce soit.
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