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Enfumer tue
1 mai 2008

Laissez parler Jean-Marie Le Pen

Je ne l'aime pas. Je n'aime pas ses idées, je n'aime pas son mouvement, je n'aime pas son parti. Je ne lui reconnais qu'une qualité : son bagou, sa faculté à avoir réponse à tout, toujours. Je comprends qu'on puisse se laisser piéger par ses discours.

Les chambres à gaz, niées par les négationnistes, sont une réalité historique, et je me souviens avoir été choqué, lorsque j'étais enfant, par la vision du téléfilm "Holocaust". Ce tri, fait par les Allemands à l'arrivée des trains de "marchandises" dans les camps, ces déchirements des mères, des pères, des enfants, qui voyaient les uns partir à la "douche", et qui eux, partaient à la mort lente, qui peut les nier ? Qui peut tenter d'en atténuer l'horreur et l'abomination ? Jean-Marie Le Pen. Dans quel but ? Electoraliste. Intérêt personnel. Inutile d'aller chercher plus loin, Mr Le Pen n'est intéressé que par l'argent. Et, comme il est très intelligent, il a compris depuis longtemps que l'argent passait par le pouvoir. Ou l'inverse, d'ailleurs. Et c'est en flattant les instincts les plus bas de ses électeurs, qu'il a toujours réussi à obtenir les dons et les adhésions qui lui ont permis de se hisser jusqu'à son niveau historique, qu'il n'atteindra plus jamais, ni son parti : atteindre le deuxième tour d'une élection présidentielle. Cet argent qu'il va chercher aujourd'hui partout, jusque dans la vente de sa voiture blindée sur internet. C'est une 605, je vous le dis, si ça vous intéresse...

Le Front National est laminé, financièrement et politiquement. Bien. J'en suis fort aise.

Mais rien de tout cela ne justifie qu'on l'attaque en justice parce qu'il crache une dernière fois au ciel, en parlant de "détail", comme un baroud de déshonneur. La justice a autre chose à faire qu'à refermer le couvercle d'un cercueil dans lequel repose déjà le Front National, et avec lui, son fondateur.

Même si je ne l'aime pas, même si je n'aime pas ses discours, même si ses idées puent le populisme et la bassesse assumée et calculée, j'aime encore moins la censure que la bêtise. Je crois que la censure m'emmerde davantage encore que les discours fatigués et fatiguants de Le Pen.

Alors laissez dire à Jean-Marie Le Pen que les chambres à gaz sont un détail de l'histoire. Pourquoi lui faire un procès ? Parce qu'il s'est exprimé ? Mais ne vivons-nous pas dans un pays libre ? Pourquoi les guignols auraient-ils le droit de dépeindre nos célébrités sous des traits parfois grossiers et fort peu flatteurs (et ça me fait rire, d'ailleurs), et pourquoi Le Pen n'aurait-il pas le droit de dire que les chambres à gaz sont un détail de l'histoire ? Qu'on le contredise, qu'on contre-argumente, qu'on lui démontre son erreur, ça oui, c'est nécessaire. Mais s'il vous plait, pas de procès. Il n'a diffamé personne. Et surtout pas de censure. Je ne suis pas d'accord avec ce qu'il dit, mais je me battrai s'il le faut, pour qu'il puisse le dire librement.

Et que celui qui n'a jamais raconté d'histoire juive à table, un dimanche midi en famille, me fasse la première réponse cinglante.

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Commentaires
M
Il croit que c'est nous l'ennemi, alors que c'est lui.<br /> <br /> Merci d'avoir cité Desproges, Satsuki, merci aussi de ta visite sur mon petit espace d'expression personnelle. Et puis merci de m'avoir permis de pouvoir t'appeler autrement que "chatbus" =)
S
Je suis assez d'accord : je veux que Jean-Marie Le Pen puisse éructer ses insanités et Robert Redeker publier ses tribunes islamophobes, pas pour le plaisir de les écouter ou de les lire mais parce que les censurer est évidemment le meilleur moyen d'accorder de l'importance à leurs propos. D'autant qu'en général, ils sont tellement caricaturaux qu'ils se disqualifient d'eux-mêmes.<br /> <br /> J'ai relu récemment "Les étrangers sont nuls" de Pierre Desproges et, effectivement, toutes les trois pages, je me disais qu'un tel livre ne pourrait pas sortir aujourd'hui sans déchaîner un tollé !
M
J'avoue que la comparaison avec les guignols n'était pas forcément de la meilleure inspiration.<br /> <br /> Je n'écris pas pour entretenir un consensus mou, aussi tes critiques sont-elles toujours les bienvenues, sois-en sûre.<br /> <br /> Il y a beaucoup de choses qu'on ne pourrait plus refaire aujourd'hui, de la pochette des scorpions "Virgin Killer" aux chansons post-soixantuitardes, dans lesquelles des jeunes filles bien sous tous rapports chantaient "j'aime mon cul", et ce genre de choses gaies et débridées qui n'ont plus court aujourd'hui, dans notre monde repris en main par les messieurs ventripotents, fumant de gros cigares et suivant de près la courbe du CAC 40.<br /> <br /> Ceux-là même, d'ailleurs, qui fumaient l'herbe en 68 =)
O
En ce sens qu'en parler est lui porter trop d'attention....<br /> <br /> Quant à ses propos sur les chambres à gaz, ils sont indignes, mais l'indignité à son propos elle est de tous les instants et de tous les mots, alors pourquoi s'y arrêter.<br /> <br /> En revanche, le raccourci entre les Guignols et Le Pen, pas trop d'accord.... rien à voir entre les propos haineux de Le Pen et la caricature que font les guignols.<br /> <br /> Pour le dernier paragraphe de ton billet, effectivement je pense qu'on ne pourrait plus refaire "Rabbi Jacob" .. et c'est bien dommage.<br /> On peut rire de tout, disait Desproges, mais pas avec n'importe qui... <br /> <br /> Qui aime bien châtie bien... j'aime bien tes billets, je les lis attentivement, c'est pourquoi je ne suis pas systématiquement d'accord.<br /> <br /> bon dimanche
Enfumer tue
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