Autopsie de Chantal Sébire : les charognards se bouffent la gueule

Allez lire ça, d'abord, c'est important : http://tf1.lci.fr/infos/france/societe/0,,3786034,00-polemique-autour-autopsie-chantal-sebire-.html

Et regardez comment la chancellerie rejette la responsabilité de la décision d'autopsier Chantal Sébire sur le Procureur de Dijon, lequel affirme sans rire avoir "reçu (...) la fille de Mme Sébire, Mlle Letellier (...) le 20 mars pour l'informer de ma décision de prescrire une autopsie et une analyse toxicologique (...). A aucun moment, Mlle Letellier n'a exprimé son opposition à de tels actes; elle n'a pas non plus indiqué que sa famille y était opposée".

On croit rêver, n'est-ce pas ? Faites une recherche dans Google, sur "famille Chantal Sébire autopsie" par exemple, et vous verrez que partout, tout le monde relègue l'information : la famille de Chantal Sébire ne s'est pas opposée à l'autopsie.

Alors que s'est-il passé, en réalité ? Un monsieur, Procureur de la République de son état (vous avez déjà été convoqué dans le bureau d'un Procureur de la République ? C'est très impressionnant, et encore plus lorsque l'on est très jeune, comme c'est le cas de Mlle Letellier), un monsieur impressionnant, donc, reçoit une jeune fille impressionnable, seule, et qui vient de perdre sa maman, dans son grand bureau austère et sérieux, pour lui parler. Elle l'écoute. Que pourrait-elle dire ? A-t-elle seulement été investie de la mission de représenter l'ensemble de la famille devant le Procureur ? Elle vient déjà de perdre sa mère, âgée de 52 ans. Quel moyen a-t-elle, face à ce procureur imposant, impressionnant, sûr de lui et définitif ? Et le mari, pourquoi n'est-il pas dans le bureau ?

Le Procureur nous dit qu'à aucun moment, elle n'a exprimé son opposition à l'autopsie. Savait-elle seulement, du haut de son jeune âge, qu'elle pouvait exprimer une quelconque opposition à cette décision judiciaire, qui lui était exposée, pour ne pas dire imposée, par un monsieur de la justice, un notable austère et impressionnant ?

Messieurs les journalistes, lorsque vous reléguez ce genre d'information, essayez-vous réellement de nous enfumer et de nous prendre pour des veaux, comme De Gaulle, ou avez-vous tout simplement oublié votre cerveau dans votre autre veste en vous levant ce matin ?
 

Comments

[Maldoror]

Et une conclusion à laquelle j'adhère, globalement.

[lilian]

Je pense que nous partageons le même point de vue. Pour ma part je tente d'analyser le phénomène de société que déclenche Chantal Sébire. Je suis en accord avec son choix et sa provocation. Pour le procureur, je persiste à dire qu'il fait son boulot et qu'il n'en est sans doute pas "fier".
La suite, qui devrait tomber dans quelques jours va confronter le gouvernement, les législateurs à l'opinion publique que nous représentons. L'autopsie était indigne mais cela coince davantage nos instances...Il me semble que Chantal Sébire, institutrice, donne une belle leçon.

[Maldoror]

Et vous avez raison : Madame Sébire a utilisé les médias. Elle a choisi de médiatiser son visage déformé par la tumeur, sa douleur insupportable, pour mener, à sa façon, son dernier combat d'humaine : celui pour le droit à ne pas souffrir sans son propre consentement. Ce n'était pas aux médecins ni aux politiques d'apprécier le degré de souffrance de Madame Sébire, sur une échelle allant de 1 à 10, comme on fait pour les enfants ; c'était à Madame Sébire d'exprimer sa douleur, et son désir de finir sa vie dignement.

Vous avez également raison de souligner que d'autres souffrances, physiques ou morales, existent, terriblement silencieuses. La médiatisation du cas de Chantal Sébire n'en était que plus importante et nécessaire, selon moi.

Pour finir, le suicide de Chantal Sébire n'avait pour seul but que de soulager ses souffrances à elle, et ce suicide était bel et bien un acte égoïste, dans le strict sens du terme. J'en aurais fait autant.

Le procureur ne fait pas son boulot en se dédouanant sur le dos d'une jeune fille de sa décision d'autopsier Madame Sébire. Nous savons maintenant qu'elle est morte en avalant des barbituriques. Quelle avancée dans cette affaire !

Vraiment, c'était nécessaire de le savoir, et pour cela d'ouvrir le corps de Madame Sébire en deux, comme on épluche une banane.

Reste que, comme vous le dites, Madame Sébire s'en est allée avec ses souffrances, et c'est finalement l'essentiel, pour elle, pour ses enfants.

[lilian]

Concernant Mme Sébire, je me suis posé la question du rôle des médias. Une chaîne de TV a suivi mme Sébire, avec son consentement. Ensuite, c'est normal, les autres journalistes qui ont vu l'émission ont tenté de suivre l'affaire (difficile parce que la journaliste de la chaîne avait tout fagocité). Son but, ses intérêts, sont à méditer.
Ces autres médias, pas tous charognards (ouf!), ont repris l'info au niveau national et international. Ils ont ouvert le débat, obligeant les politiques à sortir du silence, informant au passage toute la France.
Madame Sébire a choisi de s'exprimer et d'exposer son visage. Il ya également tellement d'autres cancers "invisibles" qui transforment la vie en calvaire. Il est possible que son acte soit égalemnent tourné vers les autres. Mais rien n'est sûr dans ce drame. Mme Sébire s'en est allée avec ses souffrances et son secret.
Le juge ne fait que son boulot, c'est aux politiques de légiférer.

[Maldoror]

Et comme c'est un blog, et non un forum ou un tchat, et que vous avez le choix, parmi les millions de blogs et de forums qui existent sur le net, sur lesquels vous trouverez des opinions similaires à la vôtre, et puisqu'en outre, vous ne vous plaisez visiblement pas sur ce blog-ci, je ne vous retiens pas.

Ravi de vous avoir connu.